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Comprendre son sol avec les plantes bio-indicatrices


Diagnostic de son sol

L'inventaire

Il existe quelques écueils à éviter :
- Attention à bien veiller au choix du lieu de l'inventaire. Par une observation générale, vérifiez soigneusement l'homogénéité de la parcelle et découpez-la en zones si elle semble hétérogène.
- Quelques plantes éparses ne sont pas significatives, de même que les plantes ne sont indicatrices que pour les quelques décimètres carrés qu'elles recouvrent. D'autant que les jardiniers que nous sommes, facilement agacés par les deux ou trois rumex inarrachables, ou les quelques zones gagnées par le liseron, ont tendance à les surévaluer.  

- Evitez de faire cette analyse l'hiver, quand nombre de Poacées et d'annuelles ont disparu ou quand la relative absence de parties aériennes gêne l'identification.
Cette précaution s'applique également aux lieux tondus ou fauchés. L'identification de la flore sauvage n'est pas chose aisée.
Si l'amateur s'y retrouve dans les descriptions d'espèces, distinguer ensuite les variétés est beaucoup plus complexe. Cet aspect est pourtant très important. Les trois variétés les plus communes de plantain, par exemple, reflètent chacune un milieu totalement différent. Une mauvaise identification sera source d'erreur. Il faut donc prendre son temps, observer longueument et surtout s'aider de la faune ou de fiches de descriptions.  

Le taux de recouvrement

Une fois l'inventaire achevé, établissez le taux de recouvrement de chaque espèce. Attribuez ensuite à chacune un coefficient de ce taux :
100% : coefficient 5 ;
75% : coefficient 4 ;
50% : coefficient 3 ;
25% : coefficient 2 ;
- de 25% mais avec une présence significative : coefficient 1 ;
Quelques pieds épars : le signe +.
Chaque espèce s'étant vu attribuer un chiffre, l'analyse peut commencer. En face de chacune on note les caractéristiques de chaque adventice, et c'est l'addition de ces indices qui peut ensuite nous aider à établir un diagnostic précis.  

Que nous apprenent ces plantes ?

Choisies parce qu'elles sont assez fréquentes dans nos potagers, les descriptions qui vont suivre sont tirées des fiches réalisées par Gérard Ducerf . Ces quelques exemples, s'ils ne sont pas suffisants pour tirer des conclusions définitives, permettent déjà de se faire une idée d'un sol et vous donneront peut être l'envie d'aller plus loin dans l'analyse.  

Le chiendent (Elytrigia repens)
 
Chaque jardinier a eu l'occasion au moins une fois dans sa vie de se frotter à cette Poacée vivace aux longs rhizomes traçants et à leur extraordinaire capacité de multiplication.
Si son biotope primaire était les sables alluviaux des fleuves et des rivières, son biotope secondaire est devenu celui des champs en culture intensive, des vignes, des vergers et des jardins cultivés de longue date, des haies et des talus routiers, des digues de canaux, de fleuves et de rivières.  

Que nous apprend le chiendent ?

Une fatigue ou une dégénération du sol par labours successifs, des excès de nitrate et de potasse, un compactage des sols limoneux à pH élevé et un fort contraste hydrique.  

Le liseron des champs (Convolvulus arvensis)

Que ceux qui n'en ont pas dans leur potager lèvent le doigt ! Qu'il est difficile d'éviter cette invasive agaçante, que l'usage d'outils rotatifs multiplie encore. Cette convolvulacée à jolies fleurs blanches ou roses a pour biotope primaire les vallées alluviales engorgées d'éléments nutritifs. Les terrains cultivés et les jardins, les bords de route, les terrains vagues remués constituent son biotope secondaire.  

Que nous apprend le liseron ?

Le liseron indique une saturation du complexe argilo-humique par de l'azote. Il y a également excès de nitrate d'ammonium ou de matière organique et un compactage des sols.  

Le pissenlit (Teraxacum officinale)
 
Que peut bien nous apprendre cette Astéracée vivave, avec ses jolies fleurs jaunes lumineuses et ses graines qui volent à tous vents ? Originaire des prairies naturelles des plaines et des montagnes et des plateaux calcaires et basaltiques, elle a un biotope secondaire assez étendu : prairies agricoles, vignes, vergers, bords de chemin, etc.  

Que nous apprend le pissenlit ?
 
Le pissenlit indique un engorgement du sol en matière organique, un blocage par le froid et un compactage. Tant qu'il n'est pas dominant, c'est un bon indicateur de prairies riches.  

Le pourpier potager (Portulaca oleracea)

Cette jolie plante annuelle presque entièrement couchée sur le sol et ressemblant ) à s'y méprendre à une plante grasse est originaire d'Inde. Cette portulacée a pour biotope primaire les sables et les limons des vallées alluviales. Plante de chaleur, elle se rencontre en général dans le sud de la France, mais également plus au nord dans les microclimats chauds. Son biotope secondaire est assez étendu : champs cultivés, vignes, vergers, terrains maraîchers, jardins familiaux, terrains vagues, bords des chemins et routes.  

Que nous apprend le pourpier potager ?

La présence du pourpier dans nos jardins est riche d'enseignements : sol à faible pouvoir de rétention, érosion lessivage de sols à nus, tassement et compactage du terrain.  

Le rumex à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius)

Tout jardinier qui a tenté d'arracher ce rumex se souvient forcément de l'expérience ! Comment extirper une telle racine ? Le pivot extrêmement long et puissant rend en effet l'opération quasiment impossible.
Il est intéressant de noter que ce rumex était rairissime au début du xxème siècle et qu'il est maintenant une adventice très fréquente.
A l'origine, c'étiat une plante de vase et de limons humides, de marécages et de tourbière. On le rencontre aujourd'hui fréquemment dans les prairies d'élevage intensif, les vignes, les vergers, les fossés, les terrains vagues, les espaces rudéralisés, les bords de mares et les étangs artificiels.  

Que nous apprend le rumex à feuilles obtuses ?

S'il est dominant au jardin, le rumex à feuilles obtuses est une plante "signal d'alerte". Il indique un engorgement en eau et en matière organique, avec hydromorphisme et anaérobiose complets. Le complexe argilo-humique est déstructuré avec une libération d'aluminium et de fer ferrique. Continuer les apports de matière organique sur un terrain envahi de rumex à feuilles obtuses peut conduire à d'irrémédiables dégâts.  

Le mourron blanc (Stellaria media)

Cette petite plante annuelle est originaire des lisières et des clairières forestières, des fôrets alluviales et riveraines. De ce biotiope primaire, le mouron blanc a évolué vers les terrains de grande culture, de maraîchage, les vignes, les vergers et les prairies agricoles.  

Que nous apprend le mourron blanc ?

Le mouron blanc est une des rares plantes indicatrices d'équilibre et d'une bonne minéralisation du sol. Nous sommes donc heureux de la voir arriver !  

mais aussi :  

Le coquelicot : sol à tendance calcaire
Le trèfle blanc : sol à tendance calcaire
La moutarde : sol à tendance calcaire
Le plantain : terre lourde, acide, humide, tassée
La prêle : terre lourde, acide, humide, tassée
Le bouton d'or : terre à pH acide, humide, lourde et argileuse
La pâquerette : terre lourde et acide
La gesse : terre lourde et argileuses
Le chardon : terre calcaire
L'ortie : terre humifère.