Réussir la culture du navet

Description :
Le navet, simple à cultiver, est pourtant souvent absent des potagers familiaux. Cette plante potagère est plus particulièrement cultivée pour sa racine très dodue, allongée ou aplatie. Comme bon nombre de légumes racines, parfois injustement oubliés, il demande à être redécouvert. Outre les classiques navets ronds à la robe violette, l'espèce comprend des variétés aux formes, aux couleurs et aux goûts véritablement variés. C’est un légume très ancien qui offre des saveurs sucrées voire un peu piquantes selon les variétés. Facile à cultiver, il se conserve bien durant l’hiver. Si en France, le feuillage des navets n’est hélas consommé que de manière anecdotique, il l’est beaucoup plus fréquemment dans la cuisine asiatique. Certaines variétés ont même été sélectionnées pour cet usage unique.

Origine – Histoire :
Rave et navet ont longtemps désigné plusieurs légumes : navet, rutabaga, chou rave, radis d’hiver. Étant donné cette confusion très ancienne des espèces, il est difficile de connaître précisément l’origine, puis le parcours de ce légume qui fut paradoxalement un des plus consommés. Il semblerait néanmoins qu’il soit originaire du bassin méditerranéen ou d'Asie occidentale. Il semble que les Grecs et les Romains les cultivaient, parfois même avec une certaine diversité variétale, tant pour ceux réservés à l’alimentation humaine que pour leurs homologues fourragers. Les jardiniers et agronomes Olivier de Serres, de Combles et La Quintinie, abordent tous dans leurs écrits sa culture, une des rares à ne pas avoir connu d’interruption au Moyen-Age. Les navets, aussi paradoxal que cela puisse paraître aujourd’hui, connurent même un âge d’or au XIXème siècle, quand un peu partout en France, de nombreuses localités cultivaient leurs propres variétés. Depuis, entre la primauté des pommes de terre, le transport et les nouvelles possibilités techniques de production hors saison des tomates et autres courgettes, les navets ne font plus le poids et sombrent petit à petit dans l’oubli. Hormis la production de primeurs ou celle de quelques variétés pour lesquelles producteurs ou organismes promoteurs d’appellations ont fait un bel effort, ces délicieuses racines disparaissent peu à peu de nos tables.

Etymologie
: Le terme "navet" viendrait du latin "napus" qui signifie "chou-navet" ou du grec "ράπυς" qui peut signifier "rave" ou "navet".

Synonymes et autres noms
: Naveau, Rave.

Cycle de vie : Annuelle* ou bisannuelle* cultivée comme une annuelle*.
Mode de reproduction :
Sexué*.

Type de pollinisation :
Allogame*, pollinisation par insectes.

Goût :
Cru, le navet a un goût proche du radis, légèrement piquant et aussi croquant. Il peut parfois avoir un léger goût aillé. Cuit, il est tendre, moins ferme qu'une pomme de terre, avec un goût plus prononcé.br>
Valeurs nutritives :
La mauvaise réputation du navet est injustifiée. Sa racine fut longtemps employée en décoction pour soigner de nombreuses affections allant du simple rhume à la bronchite en passant par la coqueluche. Sans oublier que ces navets sont pauvres en calories, riches en vitamines C et source de phosphore, de calcium et de magnésium. Quant aux feuilles, elles sont riches en acide folique.

Anecdotes :
93 recettes : en potages, soupes, fritures, entrées, etc. Voici le nombre exact de recettes que propose le célèbre et gourmet Alexandre Dumas dans son grand dictionnaire de cuisine. Exploit d’autant plus remarquable que dans ces 93 suggestions, le traditionnel canard aux navets n'est pas mentionné.

Principales sous-espèces et variétés :
Navets blancs : De Croissy, Marteau, Platte witte mei. Navets de couleur : Blanc globe à collet violet (blanc et violet), Jaune boule d'or (orange), Milan rouge (blanc et violet), Noir long de Caluire (noir), Petrowski (jaune).

Lieux et conditions :
Sous abri : Le navet ne se sème pas sous abri ou hors sol. Il se sème toujours directement en place.
Pleine terre / sans protection : Semer directement en pleine terre, en place, 20 à 30 graines par mètre linéaire. Plomber le semis avec le dos du râteau. Semer directement en pleine terre, en place, 20 à 30 graines par mètre linéaire. Plomber le semis avec le dos du râteau.
Préparation du sol :Décompacter le sol. Faire 1 ou deux faux semis. Fertiliser le sol à l'automne précédant la plantation.
Température de germination : De 15 à 23°C.
Nécessité d’un passage au froid : Un passage au froid permet une levée plus homogène et plus rapide, mais n’est pas indispensable.
Trempage* : Un trempage permet une levée plus homogène et plus rapide, mais n’est pas indispensable.
Distançage :
Dans le rang : 10 cm sur le rang..
Entre les rangs : De 25 à 30 cm entre les rangs.
Profondeur : 1 cm de profondeur.
Temps de levée : De 6 à 8 jours.
Eclaircissage : Eclaircir quand les plants font 5 cm de haut et qu'ils possèdent 2 à 3 feuilles, à 10 cm sur la ligne.
Repiquage : Le navet ne supporte pas le repiquage. Il est donc inutile d'essayer de repiquer les plants qui avaient été éclaircis.

Rotation des cultures :
Le navet est une plante considérée épuisante pour le sol. Il ne doit donc pas revenir au même emplacement avant au moins 3 ou 4 ans.
Plantes compagnes :
Le navet apprécie la compagnie de l'aneth, de la menthe, du romarin, du céleri, de la carotte, du haricot, de la laitue, de la tomate, du pois. Il apprécie aussi la présence du fenouil qui éloigne la mouche du navet. En revanche, comme la plupart des Brassicacées, il n'apprécie pas la présence de l'ail.

Entretien et vigilance :
Niveau de difficulté (entre 1 et 3) : 2.
Temps passé : Moyen.
Gestes techniques :
Apporter du compost bien décomposé avant la culture.
Risques liés au climat / résistance au gel :
Le navet ne supporte ni le gel ni la sécheresse. Sa résistance au froid dépend de la variété.

Semis :
Semer de mars à octobre (selon les variétés), en ligne espacées de 25 à 30 cm, en place, à exposition ensoleillée. Eclaircir quand les plants font 5 cm de haut à 10 cm sur la ligne.

Entretien / soin :
Repiquage :
Le navet ne supporte pas le repiquage. Il est donc inutile d'essayer de repiquer les plants qui avaient été éclaircis.
Arrosage :
Fréquence : Arrosages réguliers.
Quantité : Arrosages modérés mais abondants en période de sécheresse.
Période : Tout au long de la production.

Outillage : Arrosoir et râteau.
Désherbage :
Désherber une fois après l'éclaircissage.
Binage* / sarclage* / buttage* / paillage* :
Biner* régulièrement jusqu'au paillage*. Pailler* après le désherbage.
Protections hivernales :
Aucune protection hivernale n'est nécessaire mais il est conseillé de récolter avant les gelées.

Récolte :
Partie de la plante :
On consomme la rave et les fanes du navet.
Période :
De mai à septembre selon les variétés (voir types selon variétés).
Stade :
Récolter environ 2 mois après le semis pour les variétés de printemps et 3 mois pour les variétés d'automne et d'hiver.

Conservation et stockage :
Mode : Couper les feuilles 0,5 cm au dessus du collet. Il peut se conserver au frais ou se conserver en cave ou en silo, au frais et à l'obscurité, si possible entre deux couches de sable.
Durée : Le navet frais ne se conserve que quelques jours, mais en silo ou en cave, il peut se conserver plusieurs mois.

Utilisation :
Culinaire : À trop souvent les considérer uniquement comme de rustiques légumes, tout juste bons à épaissir les soupes, on oublierait presque que les navets produits en potager sont très savoureux et parfumés. Ils sont délicieux dans de nombreux plats longuement mijotés. Ils le seront aussi, revenus au beurre et glacés au miel ou relevés d’un trait de vinaigre de cidre. Enfin, coupés en tranches très fines à la mandoline, ils permettent de réaliser de surprenants carpaccios. Voici la recette du gratin d'automne aux navets et aux pommes fruits (/A-6469-gratin-d-automne-aux-navets-et-aux-pommes-fruits.aspx).
Ravageurs et maladies :
Tolérance : Faible.
Maladies :
Le mildiou est la maladie la plus courante pour le navet. Il se reconnaît par le jaunissement des feuilles puis par les taches d'un blanc duveteux qu'elles revêtent. Il convient alors de détruire les plants atteints. En prévention, pulvériser sur les plants une décoction de prêle ou du purin d'ortie. La hernie du navet est une maladie fongique qui atteint parfois les racines qui s'en trouvent déformées. Il convient d'éviter les fumures fraîches pour pallier à cet aléa. Des températures diurnes entre 19 et 24°C, une humidité du sol élevée ainsi qu'un sol acide sont des conditions qui favorisent l'infection et le développement de la maladie. En curatif il convient de détruire les pieds attaqués et de mettre en place une longue rotation dans la culture.
Ravageurs :
En cas d'attaque par l'altise, les feuilles des navets se retrouvent perforées en de multiples endroits. Il est aisé de prévenir les dégâts de cet insecte, qui peut proliférer en période de sécheresse, en les repoussant grâce à de bons mariages avec des plantes aromatiques. Une fois les graines levées, placer très vite un voile anti-insectes pour éviter les altises qui viendraient perforer les cotylédons des jeunes plantules. La limace est une grande dévoreuse des jeunes plants. Afin qu'elle ne ruine pas vos cultures de navets, disposer des pièges anti-limaces autour de vos plants, comme un bol de bière. La mouche du navet peut grandement nuire aux racines, ses larves mineuses creusant dans celles-ci de multiples boyaux. En curatif, il convient de détruire les pieds attaqués et de mettre en place une longue rotation dans la culture. En préventif, penser à maintenir le sol humide et à éviter les fumures fraîches. Il est aussi possible de repousser la mouche du navet en disposant entre les rangs de navets des branches de plantes aromatiques comme le thym, le romarin, la mélisse ou l'hysope. La chenille verte, dite piéride du chou, est une terrible défoliatrice. En prévention pensez à disposer au sol des feuilles de fougères.

Trucs et astuces : Les jeunes feuilles de navet, fraîchement démarrées, sont un vrai régal, tombées au beurre ou sautées "à l'italienne".