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Que sont les plantes bio-indicatrices ?

Le principe n'est pas, fiche d'identification à la main, de faire le tour de son jardin pour en tirer de rapides conclusions, mais de mieux comprendre un phénomène général. Dans un premier temps un peu d'histoire s'avère toujours éclairant. Pour ceux que ce sujet passionne, reportez-vous à l'excellent ouvrage de Gérard Ducerf. 

Un peu d'histoire


La vie aérobie ...


Apparue il y a 400 millions d'années, la vie aérobie transforme notre planète quand des végétaux proches de mousses colonisent les berges des mers. Pour schématiser, ces mousses forment une simple couche d'humus, sur laquelle les annuelles et les bisannuelles herbacées peuvent s'installer. Ces dernières sont également créatrices d'humus lorsqu'elles se décomposent, elles permettent donc aux vivaces herbacées de se développer. Cette couche d'humus s'épaissit encore et c'est au tour des vivaces arborescentes de s'implanter. Ce phénomène de colonisation du milieu terrestre par le monde végétal correspond à celui que la nature répète quand un sol a été mis à nu :
1. Apparition des annuelles vivant sans syntaxon et produisant d'importants exsudats racinaires ;
2. L'accumulation des exsudats inhibe la germination des annuelles et ce sont les bisannuelles herbacées (les plantes faisant leur cycle en 2ans) qui se développent ;
3. Les plantes vivaces herbacées (durée de vie de 3 à 100 ans) font leur apparition ;
4. Viennent enfin les vivaces arbustices (tige ligneuse et bourgeons aériens, d'une durée de vie de 50 à 150 ans) avant les vivaces arborescentes (plantes avec un tronc, des branches portant des bourgeons aériens et pouvant vivre de 50 à 150 ans).  

... au potager aussi


Ce cycle permet au jardinier de mieux comprendre pourquoi, quand il défriche une nouvelle parcelle, germent pourtant sans cesse de nouvelles adventices. En effet, de nombreux facteurs lèvent la dormance de centaines de milliers de graines présentes dans le sol et qui ne demanderont qu'à croître quand les conditions favorables seront réunies, à la très grande surprise du "défricheur". 

Les biotopes


Huite milieux primaires


Certaines plantes peuvent vivre en symbiose : ce qui est néfaste pour l'une peut être bénéfique pour l'autre. A ces associations s'ajoutent les animaux qui, à leur tour, vivent de ces relations établies entre végétaux. Ces animaux ne se contentent pas de prélever dans le milieu, mais contribuent également à le faire vivre : transport des graines et pollens, production de déchets, etc. Ce milieu dit "symbiotique", où chacun dépend de l'autre, est le "biotope". Ces ensembles naturels ont été répertoriés et classifiés en huit milieux primaires.  

Connaître le milieu primaire d'une adventice est une riche source d'enseignements. L'exemple le plus flagrant est la célèbre ambroisie, connue pour ses propriétés allergisantes. Cette annuelle qui se développe naturellement dans les zones désertiques est en train de devenir une redoutable invasive. Son message au jardinier qui s'en trouve envahi est donc clair : vous fabriquez un désert artificiel !  

Les biotopes secondaires


L'homme intervient sur la nature et crée des milieux artificiels ou biotopes secondaires : prairies de plaines, de montagne, terres de grande culture, de maraîchage, etc. 

Le terrain maraîcher et, par extension le jardin potager

 

Le tassement de la terre


Le mot maraîchage tire son origine de "marais", c'est-à-dire d'espaces hydromorphes (qui retiennent l'eau), gorgés de matière organique. Si ces types de sols sont propices aux légumes, ce sont des équilibres fragiles. Le jardinier qui apporte régulièrement des doses importantes de compost et de fumier, qui arrose tout au long de l'année et particulièrement l'été, une période traditionnellement de repos hydrique du sol, recrée ce type de milieu. Il y a donc un fort risque d'anaérobiose (prolifération de bactéries qui vivent sans oxygène) par suite du déséquilibre entre le carbone et l'azote d'une part et d'autre part du fort tassement de la terre lié aux nombreux passages que doit faire le jardinier : arrosage, désherbage, récolte, etc. Autant d'occasions, même pour les plus respectueux de piétiner, asphyxier encore un peu plus le sol. Il est également difficile de maintenir en bon état les terres de nos potagers : travaillées en permanence, souvent laissées nues l'hiver, les érosions mécanique et climatique provoquent d'importants dégâts.  

Les adventices


A ces états correspondent des adventices symptomatiques comme le chiendent rampant (Elytrigia repens) les rumex (Rumex crispus et Rumex obtusifolius), les liserons (Calystegia sepium et Convolvulus arvensis), et surtout la renoncule rampante (Renonculus repens). Ces plantes sont typiques des sols à saturation d'eau et de matière organique. La spergule des champs (Spergula arvensis), les oxalis (Oxalis corniculata, Oxalis fontana) et le pourpier (Portulaca oleracea) germent quand l'érosion des sols nus l'hiver commence à être importante.
Il existe cependant des solutions : la présence de ces adventices dans les jardins est à prendre comme un avertissement et non un état définitif et irrémédiable.  

Equilibrer les apports


Au jardinier d'équilibrer au maximum ses apports entre compost végétal et compost animal, d'essayer dans la mesure du possible de laisser des parcelles enherbées avec des rotations parcellaires très longues (5années sont difficiles mais idéales) et surtout, pour limiter le tassement, de faire très attention au matériel employé. Les outils rotatifs (rotovator, fraise, etc.) lissent le fond du sol et le rendent imperméable à l'air et à l'eau. Préférez les outils à dents qui ont un impact beaucoup moins fort : canadien, décompacteur, ou tout simplement grelinette et croc pour les outils manuels. Veillez également à ne travailler le sol que quand il est bien sec, à continuer à avoir des habitudes raisonnables d'arrosage et à tout faire pour le limiter : paillage, binage, etc. Toutes les astuces évitant l'apport important d'eau sont les bienvenues.