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Qu´est-ce que le BRF ?

BRF signifie "bois raméal fragmenté". Cette méthode encore toute jeune - est apparue dans les années 1970 au Québec - et propose une tranquille révolution verte. Une vraie, cette fois.  

Une découverte accidentelle

Une découverte ...

C'est sous l'impulsion d'un homme politique, Edgar Guay, sous-ministre adjoint au ministère des Terre et Forêts du Québec, que les expériences sur le BRF se sont généralisées. Comme toute découverte, l'idée du BRF est née du hasard et de l'esprit d'observation.
C'est en visitant une distillerie d'huile de pin et lorsque le propriétaire lui fait remarquer d'énormes fraisiers poussant spontanément sur son tas de déchets de copeaux de bois qu'Edgar Guay a envie de comprendre par quel processus encore inconnu de simples fraisiers sur un substrat si peu commun peuvent atteindre de telles proportions ! Quelques agriculteurs, agronomes et institutionnels motivés "suivent" alors.
Dans les années 1980, les premiers comptes rendus sont publiés avec des résultats impresisonants : augmentation de la résistance au gel et aux maladies, de la structure du sol avec un formidable apport d'humus. Les expériences se multiplient. Rapidement, un brevet déposé : le sylvagraire.  

... qui a mis du temps à nous parvenir

Malgré ces excellents résultats, le BRF demeure cantonné dans ses frontières outre-Atlantique et la pratique reste rare. Il faut attendre 2004 pour que les choses changent sous l'impulsion d'un ingénieur agronome belge, Benoît Noël, et d'un agriculteur français, Jacky Dupéty. Les deux hommes expérimentent avec succès sur des terres difficiles l'emploi du BRF et participent largement à sa diffusion. Il faura fallu attendre quelques décennies...  

Qu'est-ce que le BRF ?

Définition

Voici la définition d'Eléa Asselineau et Gilles Domenech, parmi les premiers en France à s'être intéressés à ce sujet : "Les BRF sont le résultat du broyage frais (ou copeaux) de rameaux et petites branches vertes d'un diamètre inférieur à 7cm, avec ou sans feuilles. Les branches sont issues d'essences d'arbres feuillus (Angio-spermes dicots). Il est toutefois possible d'utiliser un peu de conifères (Gymnospermes) en mélange, à hauteur de 20%. Ce broyat est destiné à être appliqué au sol."

Ni compost ...

Le BRF se distingue donc clairement du compost qui résulte de la fermentation après montée en température de matériaux divers putrescibles : déchets verts, fumiers, boues d'épuration, déchets de l'industrie alimentaire, carcasses, ect. Leur impact sur le sol est de ce fait complètement différent : les composts sont en grande partie minéralisés et, s'ils influent positivement sur la vie bactérienne au sol, leur action est plus sensible sur l'alimentation des végétaux. Le BRF est une matière fraîche, proche du bois encore vivant. Son action sur le sol permet d'accélérer la stimulation de sa vie, à l'exemple des sols forestiers. C'est pourquoi il est à considérer comme un "aggradant" (capable d'agir contre la dégradation) plus que comme un amendement, stimulant la vie cryptogamique des sols et favorisant la pédogenèse.  

... ni paillis

De même, on confond souvent BRF et mulch ou paillis : ce terme recouvre toute couverture du sol essentiellement destinée à protéger le sol, réguler sa température, ralentir l'évaporation de l'eau, limiter les adventices et freiner la battance. On peut employer à cet effet bien des matériaux différents : tontes, paille, carton, laine, feuilles mortes, plastique, etc. A terme, les mulchs naturels ont bien sûr un effet positif sur la vie du sol, mais le processus diffère nettement du BRF.

Explication

Pour résumer sommairement ce qui est décrit bien plus précisément dans le livre de Jacky Dupéty, le principe du BRF repose sur l'observation que "la clé de voûte de la pédogénèse (donc en forêt) est la lignine (les polyphénols) et les champignons capables de la transformer". Or il n'y a quasiment pas de production de lignine dans les potagers ! Les jeunes branches fraîches, particulièrement quand la sève descend en automne ou au début de l'hiver, sont très riches en lignine. Il devient alors tentant de les broyer pour les incorporer au sol et relancer ainsi le long et complexe cycle de reformation du sol. Ce broyat est le premier maillon d'une chaîne : les champignons trouvent dans la lignine une source d'alimentation avant que leurs mycéliums deviennent eux-mêmes celle de petits animaux qui, à leur tour, etc. C'est cette vie cryptogamique relancée qui fait du BRF une méthode totalement nouvelle.  

Nous allons vous expliquer comment faire du BRF pour votre jardin  

Quand couper le bois pour faire du BRF ?

 C'est entre octobre et février, pendant la période de dormance des feuillus, que la récolte est la meilleure. A cette saison les bourgeons sont déjà formés, mais protégés par leurs écailles, ils sont assoupis. Il n'ya alors aucun transfert d'énergie entre l'arbre et son futur feuillage. Il suffit d'élaguer ces inépuisables fournisseurs de matière végétale, même parfois un peu "brutalement" à partir du moment où les coupes sont propres. 

 Intervenir à cette saison permet également de stocker des branches et des rameaux sans craindre le dessèchement causé par les UV. Cette possiblité d'emmagasiner et de stocker "tranquillement" permet surtout de prendre le temps de faire du bon travail. De plus, l'hiver, la plus grande partie des feuillus a perdu ses feuilles, hormis quelques essences. L'exemple le plus connu est bien sûr le chêne, mais d'autres comme le charme ont également cette particularité. Dans l'idéal, il ne faudrait broyer que des rameaux sans feuilles ... 

 Par ailleurs d'un point de vue pratique, l'hiver reste la meilleure saison pour intervenir sur des arbres même quand il s'agit de coupes assez légère. Les silhouettes bien dégagées des sujets permettent au jardinier soucieux de maintenir l'équilibre esthétique d'un arbre de visualiser son intervention. 

 Pour finir, ronces, fougères et autres végétaux souvent gênants pour se déplacer en forêt ou approcher des haies âgées ne sont que souvenirs automnaux. Tout est donc réuni pour intervenir dans de bonnes conditions.  

Quel bois employer et où le trouver ?

 L'idéal est d'avoir un jardin bordé de haies mixtes et de se "contenter" d'effectuer une simple taille d'entretien. Selon Jacky Dupéty, un chemin de 500m bordé de haies, soit 1km de bordure végétale, offre une possibilité de 500 à 1000m² de couvert ! Largement de quoi satisfaire bien des jardiniers. 

 Il est évident que chacun ne dispose pas d'une telle manne à portée de main. C'est le moment de se tourner vers les professionnels de l'entretien des espaces verts, qu'ils soient privés ou relevant de collectivités : DDE ou DDA. La législation leur impose en effet un travail de réduction, ils sont donc en général équipés de broyeux. Attention cependant à bien leur expliquer ce que vous voulez. Il s'agira pour eux d'un vrai travail de tri.  

Le broyage

 Il peut se faire manuellement, mais quel travail ! L'idéal est de disposer d'un broyeur à végétaux. Il en existe de nombreux modèles, en commençant par les petits modèles électriques, jusqu'aux plus gros thermiques ou à raccorder à la prise de force d'un tracteur. En considérant que le broyeur ne servira qu'une ou deux fois par an et que la date de l'opération peut être définie à l'avance, il semble idéal que plusieurs familles achètent un bon matériel, solide, efficace et ... durable. Broyer ses rameaux peut également être une occasion supplémentaire de réunions amicales.  

Au jardin !

 L'épandage est une phase capitale. Même si le BRF se stocke bien, plus vite votre sol est couvert mieux cela vaut. Les jardiniers disposant d'un broyeur pourront le faire au fur et à mesure, tandis que l'epandage immédiat est plus difficile quand le BRF est livré en camion par des professionnels. 

 "Le mieux est l'ennemi du bien", comme dit le dicton. Après plusieurs années d'essais et d'expériences diverses (essences, épaisseur, etc.), Jacky Dupéty en conclut qu'une couche de 3cm d'épaisseur épandue à partir du mois de novembre est idéale. Cependant, nul dogmatisme : une couche de 2 à 5 cm épandue jusqu'à mi-mars donne d'excellents résultats. 

 Même en utilisant le BRF en paillage sur 10 cm d'épaisseur, les résultats s'avèrent impressionants. Encore une fois, nul dogmatisme, mais des essais et des adaptations à faire en fonction des plantes, de son sol et de ses pratiques.  

Le griffage

 Le griffage destiné à incorporer le BRF quand il est épandu sur une faible épaisseur ne répond pas réellement à des règles précises, mais dépend essentiellement de l'observation du jardinier. Concrètement il se fait au printemps avec un outil à dents, vibroculteur pour les grandes cultures, griffe ou croc pour les jardins (la fraise est déconseillée). 

 Quelques indices permettent de choisir le moment du griffage : 

 - comme pour toute intervention au jardin, il se fait en sol ressuyé. On n'intervient jamais sur un sol détrempé ; 

 - attendez les premières amplitudes thermiques importantes : elles ont souvent lieu au printemps et favorisent le développement des champignons ; 

 - attendez l'apparition des mycéliums, signe que l'activité fongique démarre. Certains de ces longs filaments blancs sont visibles à l'oeil nu ; 

 - observez l'activité des vers de terre : quand leur présence est significative, c'est la garantie d'un début de travail en profondeur du sol et d'une réelle production d'azote disponible pour les champignons. 

 Ce mélange mécanique réalisé au printemps par les jardiniers, qui pourrait paraître fastidieux, est la dernière intervention de la saison sur le sol !  

 Le BRF facilitera ultérieurement l'arrachage des solides racines de panais.