
Réussir la culture de la pomme de terre
Légume incontournable de nos assiettes, la pomme de terre est consommée en moyenne 40 kg par personne et par an. Il existe différentes formes : ronds, ovales, longs, aplatis et aussi de couleurs variées : blanche, jaune, rouge ou encore violette.
Sommaire de l'article
Un peu d'histoire sur la pomme de terre
Nom latin : Solanum tuberosum
Ordre : Solanales
Famille : Solanacées
Genre : Solanum
Espèce : Pomme de terre

L'histoire de la pomme de terre
Il y a 8000 ans, les pommes de terre poussent à l’état sauvage sur les hauts plateaux de la Cordillère des Andes. Les Incas les cultivent dès le XIIIème siècle et les appellent « papas ». Elles traversent l’Atlantique quand les conquistadores espagnols rentrent des Amériques. La pomme de terre entre en Espagne puis migre vers l’Italie, l’Allemagne et le sud de la France. Elle commence à être cultivée en France dès le début du 16 ème siècle, sous l’impulsion d’Olivier de Serres (un des pères de l’agriculture française) qui, suite à un voyage en Helvétie ramène quelques plants du légume alors appelé « cartoufle ». Peu appréciée à l’époque, ce n’est qu’au XVIIIème siècle, grâce à la ténacité et l’ingéniosité de Antoine-Augustin Parmentier, pharmacien aux armées, que ses qualités nutritives sont finalement mises en avant. Après la famine de 1769, le roi lui demande de chercher de nouveaux végétaux nourrissants. En 1785, Parmentier offre au roi et à la reine un dîner composé de plats uniquement à base de pomme de terre et finalise ainsi la promotion royale dudit tubercule. A partir de là, son développement est constant en France et en Europe mais aussi dans le monde entier.
Etymologie
Le terme «pomme de terre» vient d’une traduction littérale de l’allemand Erdapfel, qui signifie «pomme de terre» (littéralement « pomme de la terre »). Cette expression reflète la manière dont le tubercule, inconnu en Europe avant le XVIe siècle, a été nommé par analogie avec les fruits.
En latin, l’expression malum terrae désignait déjà diverses plantes à tubercules. En anglais, le mot potato dérive de l’espagnol patata, lui-même issu d’une fusion entre le mot taïno batata (qui désignait la patate douce) et le mot quechua papa, utilisé pour la pomme de terre.
Cette confusion linguistique témoigne de l’ histoire complexe de la diffusion de la pomme de terre depuis l’Amérique du Sud vers l’Europe au cours du XVIe siècle, où elle a progressivement trouvé sa place dans l’alimentation.
Synonymes et autres noms : Pomme de terre, patate.
Goût
La pomme de terre offre une saveur douce et neutre , qui varie selon les variétés. Sa chair peut être ferme ou farineuse , influençant ses usages culinaires : les variétés fermes conviennent particulièrement aux salades, tandis que les plus farineuses sont idéales pour les purées, les frites ou les potages.
Certaines variétés développent des notes légèrement sucrées , évoquant parfois la châtaigne ou la noisette , surtout chez les variétés anciennes ou colorées. Les chairs orange sont souvent plus sucrées, avec des nuances caramélisées , tandis que les chairs blanches ou violettes ont une saveur plus douce et délicate .
Valeurs nutritives
Riche en glucides et classée dans la catégorie des féculents. Source d’antioxydants, vitamines B6, potassium et manganèse.
Anecdotes
Introduite en Europe au XVIe siècle, la pomme de terre a d’abord été cultivée comme plante ornementale, méconnue et longtemps boudée par les consommateurs. En France, elle est dans un premier temps réservée à l’alimentation des cochons et des animaux de la ferme. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que son image commence à changer, notamment grâce à l’action d’Antoine Parmentier, pharmacien français, qui joue un rôle clé dans sa promotion comme aliment destiné à la consommation humaine.
Son importance devient telle qu’au milieu du XIXe siècle, elle est au cœur d’un drame majeur : en Irlande, vers 1850, une attaque de mildiou combinée à l’inaction des autorités anglaises provoque une famine dévastatrice, entraînant la mort d’un million de personnes et l’émigration d’un million d’autres vers l’Amérique.
Aujourd’hui, la pomme de terre est l’un des aliments les plus cultivés et consommés dans le monde. Il en existe plus de 4 000 variétés, principalement originaires des Andes, son berceau historique.
Principales sous-espèces et variétés
Les précoces (récolte après 90 jours de culture) :
- Alienor : variété précoce de bon rendement. De forme oblongue à peau et chair jaune. Résistante au mildiou et à la sécheresse.
- Amandine : variété très précoce à bon rendement. Oblong allongé, régulier et yeux peu profonds, peau jaune. Chair jaune claire de très bonne qualité culinaire. Conservation : 3 mois.
- Anaïs : variété vendéenne, l’une des premières à récolter. Gros calibres à chair jaune clair. Conservation : 4 mois.
- Jeannette : jolie couleur rose et de chair très fine et gouteuse bénéficie d'un très bon rendement. Réputée de bonne résistance aux maladies, bonne tenue à la cuisson.
- Nawen : variété maldive, de type amandine. La plus précoce des pommes de terre (60 jours). Tubercules nombreux de forme allongée oblongue, à la peau et la chair jaune de calibre moyen. Excellente tenue à la cuisson. Variété peu sensible au mildiou. Il est possible de planter cette variété au mois de novembre sous serre, on aura alors une récolte à la fin février début mars.
- Penni : pomme de terre grenaille, peu sensible au mildiou. Récolte abondante en calibre moyen.
- Rose de France ou cirelle : variété précoce rustique, de très bon rendement et de très bonne qualité culinaire. Oblongue, peau rose, chair jaune et ferme. Résistante au mildiou et à la sécheresse.
- Vitabella : variété de bon rendement, résistante au mildiou. Tubercules oblongs jaunes.
Les semi-précoces (récolte après 110 jours de culture) :
- Allians : chair ferme et à peau très jaune, bonne saveur. Très bon rendement. Résiste bien au mildiou.
- Bernadette : tubercules oblongs, yeux superficiels, peau jaune, chair jaune pâle bien ferme. Bonne conservation. Réputée de culture facile, bonne tolérance au mildiou.
- Bintje : très productive et bonne conservation. Gros tubercules à peau jaune, chair jaune de bonne qualité.
- Blanche : très productive. Réputée de culture facile, bonne tolérance au mildiou et peu sensible à la sécheresse. Peau jaune pâle, chair jaune clair.
- Charlotte : bon rendement. Tubercules oblongs, yeux superficiels, peau et chair jaunes. Conservation : 5 mois.
- Cheyenne : variété française originaire du Limousin, très productive et savoureuse. Nombreux tubercules à peau rouge et chair jaune.
- Dolwen de Bretagne : bon rendement. Peau jaune clair, chair jaune, ferme et fondante. S’adapte à n’importe quel type de terrain.
- Gourmandine : bon rendement. Tubercule à peau jaune et lisse aux yeux peu profonds. Conservation : 7 mois.
- Monalisa : bon rendement. Tubercules oblongs, yeux superficiels, peau jaune, chair jaune pâle et ferme. Conservation : 5 mois.
Les semi-tardives (environ 120 jours de culture) :
- Bleue d’Artois : très bon rendement. Variété cultivée dans le Cotentin depuis le début du 20 ème siècle. Ronde, peau et chair bleu-lavande, liseré blanc. Résistante aux maladies. Bonne conservation.
- Corne de gatte : variété ancienne, bon rendement. Tubercules réniformes, de type ratte, peau rose, chair jaune pâle, ferme, fine et fondante. Conservation : 5 mois.
- Desirée : très bon rendement. Tubercules ronds à peau rouge et chair jaune. Conservation : 7 mois.
- Ditta : bon rendement. Tubercules oblongs allongés, yeux superficiels, peau jaune, chair jaune clair bien ferme. Conservation : 6 mois.
- Nicola : bon rendement. Peu sensible aux maladies. Tubercules moyens, peau jaune et chair jaune. Conservation : 6 mois.
- Ratte : variété traditionnelle française connue depuis 1872. Faible rendement, mais est considérée comme l’une des meilleures variétés à chair ferme. Peau jaune, chair jaune et ferme. Conservation : 5 mois.
Les Tardives (après 120 jours de culture) :
- Fleur bleue : bon rendement. Chair tendre, couleur bleue uniforme après cuison, non farineuse. Nombreux tubercules bleus, longs et faciles à éplucher.
- Goldmarie : Chair ferme avec une excellente rusticité. Peu sensible au mildiou.
- Rouge des flandres : variété ancienne (1936) tardive et originale de par sa couleur et sa chair rouge avec liseré blanc sous la peau.
- Vitelotte : Tubercules oblongs bosselées. Peau épaisse bleu foncé presque noire. Sa chair est violette farineuse, qui garde sa couleur à la cuisson.
- Yona : très bon rendement. Gros tubercules réguliers à peau rouge pâle, chair jaune. Bonne résistante au mildiou.
Comment cultiver la pomme de terre ?
Informations techniques
- Niveau de difficulté : 1/3 (facile)
- Densité : 3 à 4 plants/m²
- Cycle de vie : annuel
- Mode de reproduction : végétative (plantation de tubercules)
- Type de pollinisation : autogame (autofécondation)
Climat et sol
- Zone climatique et rusticité : zones tempérées, rusticité jusqu'à -5°C
- Type de sol : léger, meuble, bien drainé, riche en matière organique
- pH : 5,0 à 6,5
- Humidité : modérée, éviter l'excès d'eau
- Exposition : ensoleillée
- Température optimale de croissance : 15 à 20°C
- Résistance au gel : faible, les jeunes pousses sont sensibles au gel
Comment réussir le semis ?
- Période de plantation : mars à mai, après les dernières gelées
- Type de plantation : tubercules germés
- Température du sol à la plantation : minimum 8 à 10°C
- Nécessité d’un passage au froid : non
- Trempage : non nécessaire
-
Distançage:
- Dans le rang : 30 à 40 cm
- Entre les rangs : 60 à 75 cm
- Temps de levée : 10 à 20 jours selon la température
-
Lieux et conditions:
- Sous abri : possible pour les variétés précoces
- Pleine terre / sans protection : standard

Entretien et soin des cultures
- Préparation du sol : ameublir en profondeur, incorporer du compost mûr
- Éclaircissage : non nécessaire
- Repiquage : non applicable
-
Arrosage :
- Fréquence : régulier, surtout en période sèche
- Quantité : maintenir le sol humide sans excès
- Période : du développement des tubercules jusqu'à 2 semaines avant la récolte
- Désherbage : régulier, surtout en début de culture
-
Binage / sarclage / buttage / paillage :
- Buttage : essentiel pour protéger les tubercules de la lumière
- Paillage : conserve l'humidité et limite les mauvaises herbes
- Protections hivernales : non nécessaires pour les cultures annuelles
- Période de récolte : juin à septembre, selon la variété
- Partie de la plante récoltée : tubercules
- Stade de récolte : lorsque le feuillage jaunit et se dessèche
- Rendement moyen : 2 à 5 kg/m² selon les conditions

Techniques de cultures
Gestes techniques
La culture de la pomme de terre commence par la plantation de tubercules germés. Il est conseillé de les prégermer en les plaçant à la lumière pendant 4 à 5 semaines avant la mise en terre. Une fois plantées, les jeunes pousses doivent être buttées régulièrement pour favoriser le développement des tubercules et protéger les tiges du verdissement. Un paillage peut être mis en place pour limiter les arrosages et maintenir le sol frais. La récolte doit se faire par temps sec, à l’aide d’une fourche-bêche, en prenant soin de ne pas abîmer les tubercules.
Rotation des cultures
La pomme de terre ne doit pas revenir au même endroit avant 3 à 4 ans. Elle suit idéalement une culture de légumineuses ou de céréales. Elle ne doit pas succéder à une autre Solanacée (tomate, aubergine, poivron) afin d’éviter les maladies du sol persistantes comme le mildiou ou les nématodes.
Plantes compagnes
La pomme de terre s’associe bien à des cultures :
Ail et oignon : répulsifs contre les insectes
Haricots : bons compagnons si non grimpants
Chou : compatible mais exigeant en azote également
Évitez l’association avec les tomates ou les courges qui favorisent les mêmes maladies.- Évitez les courges et autres rampantes trop envahissantes.
Trucs et astuces
Prégermer les tubercules dans un endroit lumineux à 10–15 °C permet une levée plus rapide et homogène.
Alternez les variétés précoces et tardives pour échelonner les récoltes.
Plantez de l’ail ou des œillets d’Inde à proximité pour limiter les doryphores.
Ne consommez jamais les parties vertes ou germées : elles sont toxiques (présence de solanine).
Conservation et stockage
Mode : Après récolte, faire ressuyer les pommes de terre au sol pendant quelques heures, puis les stocker dans un endroit sombre, sec et frais (4 à 8 °C), à l’abri de la lumière pour éviter le verdissement.
Durée : Environ 5 à 8 mois, selon les variétés. Les pommes de terre nouvelles se conservent peu de temps et doivent être consommées rapidement.
Utilisation de la patate douce
Culinaire : Incontournable en cuisine, elle se décline sous toutes les formes : purée, frites, gratins, potages, rissolées, vapeur, chips, gnocchis, etc. Chaque variété a ses usages (chair ferme, fondante ou farineuse).
Autre : L’amidon extrait peut être utilisé en cosmétique ou en industrie (liants, colles, textile). L’eau de cuisson non salée peut servir d’engrais pour les plantes.
Les maladies et ravageurs de la pomme de terre
Les maladies
Les ravageurs
Gale commune (Symptôme : maladie bénigne mais répandue, affectant l’aspect des tubercules. Favorisée en sol calcaire).
Jambe noire, pourriture molle (Symptôme : Noircissement et pourriture des tiges, enroulement des feuilles). Prévention : fertilisation modérée et rotation des cultures. Lutte : supprimer les pieds atteints dès l’apparition de la maladie.
Mildiou (Symptôme : taches d’aspect huileux devenant noirâtres sur les feuilles et les tiges. Brunissement des bouquets terminaux, qui se recroquevillent). Prévention : éviter tout apport d’engrais riche en azote et espacer suffisamment les plants. Lutte : butter les rangs pour éviter la contamination des tubercules et arracher les fanes dès qu’elles sont trop attaquées.
Rhizoctone noir (Symptôme : manque ou retards à la levée, mycélium blanc à la base des tiges, dessèchement progressif). Prévention : rotation des cultures. Lutte : éviter de cultiver des variétés plus sensibles.
Rhizoctone violet : (Symptômes : champignons se développant en cas de forte humidité. Pourriture ou nécrose des tubercules). Lutte : détruiser les plants attaqués.
Virose (Symptôme : feuilles enroulées, plante naine, frisolée, aspect rugueux, marbrures). Lutte : éliminer les plants atteints.
Campagnols (Symptôme : tubercules rongés, traces de dents)
Doryphore (Symptôme : feuilles mangées, parfois entièrement, et présence d’insectes rayés noir et blanc (10 mm) et de larves orangées (15 mm)). Lutte : surveillance régulière du feuillage et capture des adultes et larves. Le semis de lin bleu entre les rangs de pommes de terre serait répulsif ainsi que l’ail.
Limaces (Symptôme : cavités ouvertes dans les tubercules).
Pucerons divers : lutte : couper les pousses portant des colonies importantes, lâcher des larves de coccinelles ou de chrysopes.
Taupin (Symptôme : galeries étroites dans les tubercules). Lutte : purin de fougère comme répulsif ou extrait d’ail.
Teigne de la pomme de terre (Symptôme : galeries tapissées de fils soyeux, renfermant des excréments et des larves blanc rosé à tête noire).