
Comment lutter contre la pourriture grise ?
Invisible au départ, mais redoutablement active lorsqu’elle s’installe, la pourriture grise (également appelée Botrytis) fait partie des maladies les plus répandues et les plus dévastatrices au jardin. Cultures maraîchères, fruitiers, fleurs ornementales : rares sont les plantes épargnées par ce champignon insidieux, capable d’envahir en quelques jours une serre entière ou une bordure bien exposée.
Le problème est double : cette maladie se développe très facilement dans des conditions climatiques fréquentes (humidité, température douce), et elle est extrêmement persistante dans le sol, parfois pendant plusieurs années.
Pour lutter efficacement contre la pourriture grise, il ne suffit pas d’agir dans l’urgence. Il faut comprendre les mécanismes biologiques du champignon, anticiper les risques, et intégrer des réflexes culturaux durables, en alliant bon sens, observation et, si nécessaire, traitements naturels ciblés.
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Qu’est-ce que la pourriture grise ?
La pourriture grise, également appelée botrytis, est causée principalement par le champignon Botrytis cinerea. Ce parasite très opportuniste se développe dès qu’il en a l’occasion : milieu humide, températures douces, matière végétale affaiblie ou blessée.
On reconnaît la pourriture grise à l’apparition d’un duvet grisâtre sur les parties aériennes des plantes : fleurs, bourgeons, feuilles ou fruits. Ce duvet, constitué de spores fongiques, se répand très facilement, particulièrement dans des environnements confinés comme les serres ou les tunnels. Si aucune mesure n’est prise, l’ensemble de la plante peut être contaminé, puis détruite.

Comment se développe la pourriture grise ?
Pour prospérer , la pourriture grise a besoin d’un certain nombre de conditions favorables. La première est l’humidité: un air chargé en eau, des feuilles mouillées plusieurs heures d’affilée, ou un sol trop gorgé d’eau créent un climat parfait pour le champignon. Des températures comprises entre 15 et 20 °C renforcent encore son développement.
Ce champignon se nourrit de tissus végétaux morts. Mais dans des conditions humides ou sur des plantes affaiblies, il peut coloniser des tissus vivants et apparemment sains. Par exemple, chez le fraisier, le botrytis pénètre par les fleurs et colonise le fruit avant même que des signes soient visibles. Ce n’est qu’au moment de la maturation que les symptômes apparaissent, souvent trop tard pour sauver la récolte.
Quelles conditions favorisent l’apparition de la pourriture grise ?
Contrairement à d’autres maladies, la pourriture grise n’a pas besoin d’un hôte affaibli pour commencer à s’installer. Il lui suffit d’un peu d’humidité persistante, et elle peut contaminer même une plante en bonne santé. Néanmoins, les blessures mécaniques (taille, grêle, vent, ravageurs...) ou les parties mourantes servent souvent de points d’entrée privilégiés.
Ce champignon est aussi capable de se nourrir de matière organique morte: feuilles tombées, fleurs fanées, restes de taille. Ces débris sont autant de réservoirs à spores qui menacent vos cultures tout au long de l’année.
L’un des défis majeurs dans la lutte contre la pourriture grise, c’est sa capacité à survivre dans le sol. Grâce à des structures résistantes appelées sclérotes, Botrytis cinerea peut rester latent jusqu’à 5 ans dans la terre ou les interstices d’un mur, d’un pot, d’un tuteur en bois… Ce sont autant de foyers de contamination à venir, s’ils ne sont pas éliminés.
Quelles sont les cultures les plus sensibles à la pourriture grise ?
La liste des plantes touchées est longue. Dans les vergers, on la rencontre fréquemment sur les pommiers, les fraisiers, la vigne ou les groseilliers. Dans le potager, ce sont souvent les laitues, les tomates, les pois, les aubergines, les concombres et les courges qui paient le prix fort. Quant aux plantes ornementales, les rosiers, dahlias, hortensias, cyclamens ou pélargoniums sont des cibles fréquentes.
Ce qui les unit, c’est la présence de tissus tendres, riches en eau, et souvent une croissance rapide. C’est également pourquoi les fruits mûrs sont si souvent la proie du champignon : leur peau fine, leur suc, et leur exposition prolongée à l’air libre en font des points d’entrée idéaux.

Comment prévenir la pourriture grise ?
Le meilleur moyen de lutter contre la pourriture grise, c’est encore d’ éviter qu’elle n’apparaisse. Voici les actions préventives les plus utiles :
- Favorisez l’aération: Trop de densité entre les plants empêche l’air de circuler. Un environnement confiné retient l’humidité, condition parfaite pour le développement fongique.
- Nettoyez votre sol: Ne laissez aucune feuille morte ou fruit tombé sur le sol. Ces déchets végétaux sont des nids à spores. Ramassez-les régulièrement et brûlez-les si possible.
- Arrosez intelligemment: L’arrosage du soir prolonge l’humidité toute la nuit. Préférez les arrosages matinaux , ciblés au pied des plantes pour ne pas mouiller les feuilles.
- Taillez proprement: Une blessure mal cicatrisée est une porte ouverte à la contamination. Coupez avec des outils bien aiguisés et désinfectés. Effectuez des coupes nettes.
- Variez les cultures: Évitez de planter d’une année sur l’autre les mêmes plantes au même endroit . Les spores présentes dans le sol attendent souvent leur hôte préféré.
Que faire si la pourriture grise est déjà là ?
Malgré toutes les précautions, il arrive qu’une attaque de pourriture grise se produise. Dans ce cas, réagissez vite :
- Supprimez les parties touchées: Coupez sans attendre les fleurs, feuilles ou fruits atteints. Ne les laissez pas tomber au sol et n’utilisez jamais le compost pour les éliminer.
- Nettoyez les abords: Désinfectez les tuteurs, les pots, les outils, les structures proches. La contamination indirecte par l’environnement est fréquente.

Les purins et décoctions : des alliés contre la pourriture grise
Les purins de plantes et décoctions sont des traitements naturels qui stimulent les défenses immunitaires des végétaux et limitent les infections fongiques comme la pourriture grise. Contrairement aux produits chimiques, ils agissent en renforçant la résistance naturelle des plantes.
- Purins d’ortie et de consoude: Le purin d’ortie est un fortifiant qui favorise la croissance et stimule les défenses des plantes. Utilisé en pulvérisation, il réduit les attaques de champignons en rendant les tissus plus robustes. Le purin de consoude, riche en potasse et en oligo-éléments, soutient particulièrement la fructification et renforce la vitalité des cultures sensibles comme les tomates ou les fraisiers.
- Décoction de prêle: La prêle est réputée pour sa teneur en silice, qui solidifie les parois cellulaires des plantes et les rend moins perméables aux infections. Une décoction de prêle appliquée tous les 10 à 15 jours en prévention agit comme un bouclier antifongique naturel.